Pour mieux vous permettre de suivre l’évolution de mes travaux j’ai initié une autre approche … en créant un Portfolio. En effet la rédaction d’articles expliquant mes démarches et astuces est très chronophage, bien qu’intéressante, et de ce fait limitée… Les articles de ce blog ne représentent ainsi que quelques unes de mes réalisations.
En ce début d’année 2020, j’ai décidé d’explorer les possibilités offertes par les petits métiers à tisser plats dits “pour écoliers”. Beaucoup plus simples d’utilisation et transportables que mon métier avec peigne envergueur ! Bien sûr, les travaux réalisables avec ces 2 types d’outils n’ont pas grand chose en commun, si ce n’est tout de même le principe du tissage, avec sa chaine et sa trame …
Me voici donc lancée dans le tissage de petites pièces de 18 ou 20 cm sur 22 ou 25 cm.
Les idées à explorer : des images relativement graphiques comportant des lignes ou ondulations, stries et autres rayures plus ou moins régulières. Les matières : fil de coton blanc qui présente les qualités nécessaires pour la chaîne (souplesse, tenue et résistance) ; fils de bambous-coton ou de coton que j’ai teints à la main ; cotons écrus plus ou moins travaillés, utilisés tels quels ou après teintures également ; laine blanche duveteuse ; et broderie ensuite selon les cas.
Roches en strates sur l’île d’Ithaque
Lors d’un voyage en Grèce en septembre au détour d’un virage dans une petite route descendant dans une crique, j’avais trouvé intéressantes ces roches qui dessinent des strates colorées, surplombées par de la végétation et avec des graviers à leur base.
Pour réaliser ce tissage j’ai choisi parmi mes fils de bambou-cotons teints et j’y ai inclus du coton irrégulier écru pour lui donner une certaine unité et relief.
Astuce : Les motifs du tissage sont réalisés à l’horizontale et il convient de regarder régulièrement l’effet produit en pivotant le métier à 90°.Pour mettre en valeur le côté irrégulier des strates j’ai utilisé le tissage partiel, et les allers et retours plus ou moins complets sur la chaîne.
Une fois le tissage terminé et la pièce pivotée en position verticale, j’ai entrepris de broder la végétation dans la partie supérieure et les pierres et graviers éboulés dans la partie inférieure.
Astuce : pour cela j’ai utilisé d’autres fils de bambou-cotons teints et brodé des noeuds pour donner du relief.
Et voici le petit tableau terminé !
Roches à Ithaque (20x15cm)
Reflets de fin de journée en Méditerranée
Fascinée comme beaucoup pour les reflets sur la mer, j’aime particulièrement les couleurs denses que l’on peut admirer certaines fins de journée en Méditerranée. Depuis longtemps j’explore différentes techniques, textiles mais aussi peintures, collage etc. pour illustrer certaines caractéristiques des reflets sur l’eau.
Pour ce sujet on travaille directement à l’horizontale … puisque les reflets sont globalement orientés dans ce sens. Cela ne demande donc pas de modifier l’angle de vue pour prendre du recul et imaginer le rendu.
Astuce : une des difficultés est d’éviter le côté rectiligne et “rayé” des fils de couleurs différentes. L’utilisation de fils présentant d’importantes variations de couleurs est un moyen d’éviter cet écueil, mais ce n’est pas suffisant. Il faut également juxtaposer et faire des allers-retours plus ou moins partiels avec 2 fils différents que l’on peut croiser à différents niveaux, et créer ainsi des zones plus ou moins homogènes qui estompent la rigidité naturelle du tissage.
Reflets de fin de journée en Méditerranée (17.5×17 cm)
Depuis fort longtemps je possède un matériau précieux : des écheveaux de soie multicolores sous forme de mèches. C’est somptueux ! Mais comment la mettre en valeur ?
Pourquoi ne pas essayer de la tisser ? Avec comme objectif premier de ne pas perdre ses caractéristiques : côté soyeux, brillants, multicolores aux multiples nuances et camaïeux.
Echeveaux de mèches de soie multicolore.
Tissage des mèches de soie
J’ai installé une chaîne en laine sur mon métier à tisser à peigne envergueur et ai tissé de volumineuses mèches … Etape très plaisante, avec un rendu surprenant et riche !
Tissage de volumineuses mèches de soie.
Si l’ouvrage tissé était très intéressant, il ne pouvait rester en l’état : trop fragile !!! Et d’autre part je n’étais pas satisfaite des fils de chaîne visibles qui me semblaient nuire à l’harmonie obtenue. J’ai donc décidé de travailler …
Pour que l’ouvrage soit moins fragile tout d’abord, je l’ai installé sur une gaze de tarlatane.
Broderie de la pièce tissée
Pour améliorer le tout, il m’a semblé que je pouvais rebroder sur les fils de chaîne visibles avec des cotons teints multicolores que j’ai préalablement teints avec toutes sortes de nuances.
Malgré la tarlatane mon ouvrage restait très vulnérable … il fallait trouver un moyen pour que l’ensemble reste stable pendant la phase de broderie. J’ai opté pour l’installation d’un film hydrosoluble qui m’a permis de le maintenir.
Film hydrosoluble pour maintenir le travail pendant la phase de broderie.
Un travail de broderie plaisant et varié. Une fois l’ensemble brodé, l’aspect global est déroutant …
Travail brodé avec des cotons teints multicolores (avec son film encore en place)
Mais quel plaisir que de découvrir le résultat obtenu une fois rincé avec beaucoup de précautions !
Après rinçage à l’eau froide et dissolution du film.
Détail du tableau.
Restent les finitions … et le choix du type de présentation : j’ai opté pour un entourage et un fond dans un tissu brillant gris perle.
Mes réserves de laines sont inépuisables (plus de 40 ans de tricoteuse…). Le tissage offre de multiples possibilités d’utilisation. Me voilà partie sur un projet de tapis : recyclage de restes de laines !!!
Les pré-requis sont relativement simples : résistance, esthétique et utilisation de mes laines. Techniquement pour que le tissage soit adapté, il faut qu’il soit particulièrement serré et que la chaine et une bonne partie de la trame soient en matière inextensible et inaltérable. J’ai choisi du coton à crocheter…
1- Teinture du coton
Même si le coton de la trame et de la chaîne sera peu visible, il se doit d’être multicolore…
La teinture du coton est une étape longue mais très gratifiante ! Le coton doit être préparé en échevaux puis après la teinture, une fois il faut refaire des pelotes ou charger des navettes pour pouvoir l’utiliser. Fastidieux mais c’est tellement toutes ces couleurs et reflets.
2- Tissage d’un échantillon
Une fois la chaîne de coton installée, début du tissage … de l’exploration.
Pour obtenir la résistance recherchée j’ai commencé par une 1ère bande tissée avdc le seul coton multicolore. Puis j’ai choisi 4 laines de couleurs pour les insérer dans la trame… en les enserrant d’aller-retour de coton pour on obtenir la rigidité et la densité adéquate.
Initiation du tissage par une bande de coton seul.Principe de l’utilisation des brins de laine.Echantillon finalisé.
3- CALCULS …ET PREPARATION
Tout d’abord, l’objectif visé : un tapis de 2.10*1.75 m… constitués de blocs tissés de 50*17 cm. Tous comptes faits il faut 40 bandes.
Pour chaque bande il faut une chaîne de coton de 105 cm* 78 lignes. Dans chaque bande pour valoriser les cotons teints qui me fascinent encore plus une fois tissés, j’ai décidé de démarrer par une petite bande de 2 cm de cotons tissés seuls et d’en introduire une autre petite bande de 2cm de manière à partager le bloc en 1/3 et 2/3. Au final les blocs obtenus devront faire entre 50 et 52 cm… tout l’enjeu sera de les assembler de façon cohérente ! D’ici là …
Une fois l’échantillon validé, une longue phase du projet consiste à définir les attendus et les moyens pour y parvenir.
Pour chaque bloc, il faut 90 morceaux de 25 cm environ pour chacune des couleurs, en général 4 couleurs par blocs. Attention à bien respecter un volume global des 4 brins de laine comparable d’un bloc à l’autre sous peine de mauvaises surprises à la phase de tissage (inévitables malheureusement malgré les précautions initiales prises …).
J’aime particulièrement la soie et ses richesses infinies …
Cet immense écheveau teint (Oliver Twists) que je possède depuis des années m’est tellement cher que je n’avais pour l’instant pas osé l’utiliser.
Echeveau de soie aux multiples reflets : Un matériau magique
Mais à quoi bon posséder un tel matériau si c’est pour le garder au fond d’une armoire ? alors je me suis lancée dans plusieurs projets simultanés qu’il m’a inspiré.
Tissage en cours
L’intégration de cette soie lors du tissage de laines diverses sur un métier à tisser à peigne envergueur (Harp Fort Krömski) en est un.
Intégration de mèches de soie dans le tissage classique
Ici la laine utilisée est une laine bouclette variable en couleurs. Les mèches de soie sont tissées tout simplement.
Pièce complète tissée avant utilisation
J’ai obtenu cette longue pièce de 2.5 m … que je trouvais très belle à regarder, agréable à toucher, et il m’a fallu quelques semaines avant d’oser la découper !
Finalement, elle s’est métamorphosée en Poncho … pour cela je l’ai d’abord partager en 3 morceaux de même taille (75 cm de long sur 38 cm de large); puis j’ai découpé un des 3 morceaux dans le sens de la longueur et ai cousu les 2 nouveaux morceaux obtenus sur les autres morceaux. Ceci m’a permis d’obtenir 2 rectangles de 75 cm de long sur environ 50 cm de large.
Par un jeu de pliage-couture de ces 2 rectangles on obtient ce poncho qui peut se porter de 2 manières !
Mémento du pliage des rectangles pour obtenir le poncho
Pour finir j’ai marqué les coutures en les brodant avec du ruban de soie.